Au XIXe siècle, la perception de la folie n'évolue pas de façon
importante par rapport aux siècles précédents, comme le XVIIe siècle où
le monde de la « folie » devient un monde d'exclusions.

Charles Baudelaire,

Guy de Maupassant,

ou encore Franz Kafka,
nous
font partager quelques formes et nuances de folies de par certaines de
leurs œuvres. L'esprit est voué au déchirement entre son aspiration à
l'idéal et l'appel du gouffre, de la déchéance et du péché, dans le
recueil de Baudelaire, Les Fleurs du mal, cette œuvre nous expose l'idée
d'un « spleen », d'un mal-être profond.
Une nouvelle qui peut
être qualifiée de conte de peur ou d'angoisse, Le Horla de Maupassant
nous dévoile une folie qui conduira le personnage à commettre un
meurtre.
Une œuvre qui fascine les psychanalystes, fondée sur la
perte d'identité, la culpabilité et la transformation du corps, La
Métamorphose de Kafka, est la représentation métaphorique de la Folie.
Nous
allons donc nous interroger, comment la folie est-elle représentée à
travers les personnages du XIXe et XXe siècle ? Nous allons mettre
l'accent sur les formes de mal-être, représentées à travers les
personnages du XIXe et XXe siècle notamment dans le poème Au Lecteur, et
dans la nouvelle de littérature étrangère La Métamorphose, puis nous
ferons la lumière sur la folie meurtrière représentée à travers les
personnages du XIXe et XXe siècle, plus précisément dans le poème Le Vin
de l'assassin, dans la nouvelle Le Horla, et dans son adaptation en
bande dessinée de Guillaume Sorel.
La folie est un dérèglement mental, de la démence, un égarement de
l'esprit, cela peut définir aussi un acte déraisonnable, passionné,
excessif, insensé, un vif penchant pour quelque chose, un manque de
jugement, une absence de raison.
a) Étymologie du mot « folie »
Le mot « folie » vient du latin «fol» qualifiant une personne atteinte
de troubles mentaux, mais « fol » se retrouve aussi dans le parler
provençal, utilisé au sens latin de soufflet.
b) La loi des aliénés
Sous le règne du roi Louis-Philippe la « Loi des aliénés » datant du
30 juin 1838, fut promulguée, elle traitait des institutions et de la
prise en charge des malades mentaux. Avant la mise en place de cette
loi, n'importe qui pouvait faire hospitaliser un autre individu, en
raison des abus, cela constituait un sérieux problème (certaines
personnes étaient envoyées à l'asile sous le prétexte d'une folie, qui
n'était pas existentielle ; de ce fait la famille, ou les proches
vicieux pouvaient récupérer les biens de la personne). Elle fut inspirée
par Jean-Etienne Esquirol, elle imposait à chaque département la
construction d'un asile et définissait les modalités d'internement. Les
médecins pouvaient alors priver les malades mentaux de leur liberté
(cela ne relevant plus du pouvoir judiciaire), une citation peut venir
illustrer ce fait : « L’aliéniste dans son asile apparaît donc comme un
personnage qui cumule des fonctions d’administrateur, de juge, d’expert,
de thérapeute et de savant », tirée d'Histoire de la psychologie en
France, J. CARROY, A. OHAYON et R. PLAS, Grands repères, La Découverte,
2006, p. 21.
c) Les pratiques appliquées aux malades
L'interprétation de la folie au XIXème siècle évolue sensiblement par
rapport aux siècles précédents, il est le siècle où on pratique les
saignées avec la pensée que les troubles mentaux ont une origine
organique, on purge les malades pour les vider de leur humeurs impures
en les faisant vomir. La lobotomie est pratiquée par la psychiatrie au
XXème siècle ainsi que des injections pour déclencher des comas, une
stérilisation contrainte. De plus, les malades mentaux sont exterminés
par l'Allemagne nazie.

d) Leur lieu d'internement
Le lieu de la folie, l’asile, devient un lieu qui connaît de
nombreuses visites du peuple, ainsi que l'investissement des romanciers,
il se change en un lieu culturellement ouvert à tous. Le monde asilaire
comprend donc une multiplication des incursions de la littérature. On
classe les malades en différentes catégories selon leurs critères, les
spécificités de leur comportement. Prenons pour exemple, l’organisation
d'un asile de Province Le Bon-Sauveur de Caen, cet asile à réunis en
1813 les aliénés du Calvados (département de la Basse-Normandie). Une
classifications des malades se faisait donc, par rapport à leur sexe et
leur profil. Cet asile était composé d'aliénés étant pensionnaires, de
quartiers d'infirmeries, de tranquilles, de semi-tranquilles, d'agités,
de malpropres, d'épileptiques, d'infirmes et d'enfants (certains termes
employés comme le fait de qualifier les patients de « tranquilles », de «
semi-tranquilles », ou encore de « malpropres » nous montre qu'il
n'étaient pas traités comme nous traitons les malades mentaux de nos
jours ; d'ailleurs ces noms qui leur étaient donnés, illustrent
l'atrocité des pratiques qu'on leur infligeais).
a) Histoire des Fleurs du mal
Les changements politiques et sociaux connaissent une accélération
considérable, de manière plus sensible pour les changements mentaux, au
XIXème siècle. L'Ancien Régime bascule dans un nouveau monde, cela est
du à la Révolution qui a été portée par les Lumières.
Dans les
années 1830, un vaste mouvement intellectuel et artistique influence
Baudelaire, lorsqu'il écrit les Fleurs du mal composées au long des
années 1840-1850, le romantisme.
Baudelaire est un poète qui
ressentait un dégoût du monde contemporain, et un « spleen » profond qui
le menèrent à la recherche d'une évasion, en se plongeant dans un
dandysme délibéré en affichant « la supériorité aristocratique de son
esprit » ou bien en se livrant au monde funeste des excitants et des
drogues.
Trois éditions des Fleurs du mal ont eu lieu, pour
cause,le recueil a été revu et augmenté au cours de ces trois éditions
successives, certains poèmes condamnés, puis ré-publiés, des poèmes
renommés, le changement d'emplacement des sections dans le recueil (les
Fleurs du mal sont composées de six sections, Tableaux parisiens, Le
Vin, Les Fleurs du mal, La Révolte, Spleen et Idéal et La Mort).
L'édition
de 1868 est posthume. Baudelaire ne l'a pas revue. La présente édition
est celle de 1861 à laquelle on a joint, à part, les pièces condamnées
en 1857.
Ce livre fait une proposition au lecteur, tel qu'un
parcours de l'esprit enfermé dans l'ennui et dans la souffrance avec une
attirance à un inaccessible idéal. Si les Fleurs du mal ne reflète pas
directement la folie, certains poèmes du recueil nous offre quand même
certaines nuances de folies à travers les personnages (exemples: LXXV
Spleen ou il semble décrire son malaise qui augmente avec le malaise de
sa ville, ou encore Le Goût du Néant , il montre ici qui n'a plus de goût
en rien, que tout lui paraît sans saveur).
Cependant, même si ce
n'est pas le thèmes premier de cet ouvrage, on peut retrouver le mot «
folie » ou son sous-entendu dans plusieurs des poèmes, « Qui versent la
folie à ce bal tournoyant » (VI Les Phares, sixième quatrain, quatrième
vers), « La folie et l'horreur, froide set taciturnes. » (VII La Muse
Malade, premier quatrain, quatrième vers), « Te pavaner au lieu que la
Folie encombre »(XXXVII Le Possédé, second quatrain, troisième vers), «
Dans un délire parallèle »(CVIII Le Vin Des Amants, premier tercet,
troisième vers).
b) Analyse du poème Au Lecteur
Le poème
Au Lecteur, est le premier du recueil de Baudelaire, il fait partit de
la section Les Fleurs du mal, il est le seul placé hors numérotation, il
se charge de présenter et ouvrir le recueil, il a donc une importance
majeure. Composé de 10 quatrains, de vers en alexandrin, les rimes y
sont embrassées et une alternances entre rimes féminines et masculines
est présente.
Dans ce poème, on est interpellé en tant que
lecteur par l'auteur sur la condition humaine, il se décompose en trois
parties, dans les deux premiers quatrains la faiblesse de l'Homme est
représentée notamment par l'association du comportement humain aux
péchés, du troisième au septième quatrains on remarque qu'une influence
est présente, celle de Satan ainsi que la beauté du Mal, en outre, il y a
une tendance à l'immortalité et au Mal. On retrouve dans ce poème, la
tristesse de l'ennui surtout à partir du huitième quatrains jusqu'au
dixième où l'influence du spleen se fait ressentir d'avantage.
Nous
allons donc revenir à notre interrogation de départ, comment la folie
est-elle représentée à travers le(s) personnage(s) dans ce poème ? Nous
allons mettre en avant les actes déraisonnables de l'homme, puis nous
nous intéresserons à la façon dont est mis en avant l'un des thèmes
majeur du recueil, l'ennui.
AU LECTEUR
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos tâches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté ,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Caque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! N'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui!-l’œil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka,
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
-Hypocrite lecteur,-mon semblable,-mon frère !
L'échange entre le poète et le lecteur
Dans ce poème ce que Baudelaire met principalement en évidence est
l'Ennui, nous allons plutôt nous pencher tout d'abord, sur le « lecteur
». Le poète s'adresse bien évidement au lecteur dans ce poème, le titre
en lui même nous le confirme.
Une représentation de la folie détournée
La
folie ici, n'est pas représentée de manière très distincte, par contre
le champ lexical peut nous laisser penser qu'elle est présente.
Dès
le commencement du poème nous avons les mots : « sottise » ; « erreur »
; « péché » (premier vers). Reprenons la définition même de la folie,
c'est un dérèglement mental, de la démence, un égarement de l'esprit,
cela peut définir aussi un acte déraisonnable, passionné, excessif,
insensé, un vif penchant pour quelque chose, un manque de jugement, une
absence de raison. En effet, le mot « sottise » correspond à un acte
insensé, « erreur » à un acte déraisonnable tout comme le mot « péché ».
cette première strophe est en lien avec la folie.
Le second
vers, peut être associé au mal-être enfouit dans nos esprit et qui
automatiquement par la suite « travaillent nos corps », on peut ajouter
que les « remords » au troisième vers conduisent souvent à un état
dépressif.
Une attirance obscure
L'auteur
déclare que le Mal attire le lecteur, comme certains malades mentaux qui
présentent une addiction envers quelque chose et qui se sentent
seulement bien en se détruisant la santé (alcool, drogue, etc...), (
comme Baudelaire qui se livra aux stupéfiants et aux drogues également)
: « Aux objets répugnants nous trouvons des appas » (second vers du
quatrième quatrain), le vers qui le suit est tout aussi révélateur,
certains malades savent qu'ils font des erreurs, mais ils continuent car
justement comme veut le faire comprendre Baudelaire, ils trouvent la
beauté dans le Mal : « Chaque jour ver l'Enfer nous descendons d'un pas
», de plus l'idée de se détruire la santé est reprise plus loin dans le
poème, au troisième vers de la sixième strophe : « Et, quand nous
respirons, La Mort dans nos poumons » les poses dans ce vers causées par
les virgules, donne à « La Mort » encor plus d'importance dans le vers.
La folie, ici, est représentée à travers le lecteur, c'est lui le
personnage du poème qui nous permet de faire le lien. D'ailleurs,
l'attirance vers les actes déraisonnables est encore représentée au
troisième vers du cinquième quatrains : « Nous volons au passage un
plaisir clandestin ». On peut également ajouter que l'hémistiche du
quatrième vers de la quatrième strophe : « Sans horreur, à travers les
ténèbres qui puent. » nous montre un comportement insensé, elle nous
fait penser aux personnes atteintes qui ressente cette attirance pour le
mal, les « ténèbres », car c'est « Sans horreur » qu'ils vont « à
travers des ténèbres qui puent », l'hémistiche est là pour montrer
l'opposition entre le fait que l'on y aille « sans horreur » alors que
justement c'est un lieu où le mal règne, le verbes « puer » présente une
connotation très péjorative de ces « ténèbres » et pourtant nous y
allons sans méfiance, la folie par rapport à cette attirance est donc
encore représentée ici. Le second vers du sixième quatrains « Dans nos
cerveaux ribote un peuple de Démons » nous expose une image très forte,
le verbe « riboter » signifie que les « Démons » qui nous habitent se
nourrissent en quelques sorte de notre cerveau, de notre raison.
L'accumulation
au premier vers de la septième strophe du poème : « Si le viol, le
poison, le poignard, l'incendie » connote avec le champ lexical du
crime, cette accumulation nous mène au dernier vers de cette strophe «
C'est que notre âme, hélas ! N'est pas assez hardie. », ce manque d'
hardiesse, peut être causée par un état dépressif, un mal être profond,
un « spleen ».
La représentation de la folie n'est pas le thème
primordial des Fleurs du mal, elle se fait ressentir notamment par la
présence d'un « spleen » profond et donc qui s'associe à notre étude,
une attirance pour le mal est présente dans ce poème.
Une structure révélatrice
Ce poème se décompose en trois parties, du huitième au dixième
quatrains on retrouve la tristesse de l'ennui, ainsi que l'influence du
spleen qui se démarque d'avantage qu'au début du poème.
Des termes sombres
Le thème majeur du poème Au Lecteur, est l'ennui, il est mis en
évidence par une accumulation de mots faisant partie du champ lexical de
la férocité : « chacals » ; « panthères » ; « lices » (premier vers du
huitième quatrains) ; « singes » ; « scorpions » ; « vautours » ; «
serpents »(deuxième vers du huitième quatrains) ici, se trouve une idée
d'animaux charognards avec « les vautours », de danger,
d'empoissonnement et de mort avec en particulier « les scorpions » et «
les serpents », dans ces deux vers les animaux décrient sont agressifs
et dangereux. Le danger est toujours présent dans le vers suivant, ainsi
que la monstruosité, la peur, ces mots exposent des images effrayantes :
« Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants ». Le
quatrième vers de cette huitième strophe, nous ramène au fait d'être
habité par le Mal : « Dans la ménagerie infâme de nos vices » toute
cette férocité qui est donc représentée dans cette strophe, demeure en
nous.
La neuvième strophe se débute par le pronom personnel « Il
», on se rend vite compte que ce n'est plus du lecteur qu'il s'agit, des
adjectifs péjoratifs décrivent ce « il » qui nous fait nous interroger :
«Il en est plus laid, plus méchant, plus immonde ! ». le reste de cette
neuvième strophe nous décrit une force invisible, sans dimension :
« Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et
dans un bâillement avalerait le monde » on apprend donc ici, que
cette force pour l'instant inconnue qui n'est certainement pas le
lecteur dont il était question jusqu'à présent, est aussi du côté du
Mal, on le remarque avec le troisième vers de cette strophe et plus
précisément grâce à l'adverbe de manière « volontiers».
Une autre tournure
Une chute entre la neuvième et dixième strophe a lieu, on apprend que
l'auteur parle de l' « Ennui », le point d'exclamation accentue l'idée
de stupéfaction que nous offre la chute entre les deux quatrains.
L'auteur le personnifie dans le deuxième vers de cette dernière strophe :
« Il rêve d'échafauds en fumant son houka, ».
Il le compare
d'abord à un homme fumant la pipe, puis il le compare une seconde fois
en employant une antithèse avec « ce monstre délicat ».
Baudelaire
s'associe au lecteur dans le dernier vers de son poème : « mon
semblable » ; « mon frère ». D'ailleurs le point d'exclamation en fin de
vers donne un sens encor plus violent à ce vers final, aidé également
par l'adjectif « Hypocrite » placé à son début. N'oublions pas que
l'auteur ressentait le dégoût du monde contemporain et qu'il était
habité par un mal-être profond, donc avec ce dernier vers notre idée de
mal-être et de folie représentée à travers le personnage qui est ici le
lecteur, prend tout son sens.
La
folie est représentée ici notamment par l'influence du « spleen » et
celle de Satan ainsi que la beauté du Mal, par l'association du
comportement humain aux péchés, par une peur du temps qui passe
représentée à la fin du poème lorsque l'ennui est mis en avant. C'est
principalement l'attirance pour le Mal présente dans ce poème qui est
représentative de la folie.
a) définition de la « métamorphose »
La métamorphose est le changement d'une forme en une autre, ou un
changement d'origine surnaturelle qui rend un être méconnaissable, c'est
aussi le changement complet dans l'apparence, l'état, la nature de
quelqu'un ou de quelque chose. Ce terme vient du grec « métamorphosis »
et signifie en effet une transformation ou un changement de forme.
L'Homme a toujours trouvé l'inspiration dans celle-ci, de par la
littérature contemporaine ou encore de la Bible par Les Métamorphoses
d'Ovide.
Ce thème s'implante dans les mythes et la religion.
b) Analyse de la nouvelle
Franz
Kafka est l'un des écrivains majeurs du XXe siècle, bien qu'il soit
d'origine tchèque, il écrit ses œuvres en allemand. Cet auteur de
littérature étrangère adopte des atmosphères sinistres, asilaires,
sociétaires inhumaines, cauchemardesques pour ses personnages. Les
thèmes forts de cet auteur ont une tendance d'absurde et de réalisme
fantastique.
La Métamorphose datant de 1912, est l'une de ses
œuvres les plus connues, elle fascine les psychanalystes, elle est
fondée sur la perte d'identité, la culpabilité et la transformation du
corps, elle est la représentation métaphorique de la folie. Cette
nouvelle d'environ une soixantaine de pages passe pour l'une de ses
œuvres les plus énigmatiques. En littérature, la métamorphose représente
un thème important, pourtant elle est souvent déclinée par les contes
et la mythologie, Kafka la transforme en un thème « kafkaïen » c'est
pour cela que nous pouvons incorporer cet ouvrage dans notre analyse,
car ce thème propre à cet auteur rentre dans les critères de la folie,
puisque l'absurde et l'illogique y règne.
Nous allons donc nous
interroger, comment la folie est elle représentée à travers le(s)
personnage(s) dans La Métamorphose ? Tout d'abord, nous allons nous
pencher sur la représentation métaphorique de la folie, puis nous nous
intéresserons à l'exclusion de la société.

(image du Salon Littéraire)
Une représentation métaphorique de la folie
Gregor Samsa est le personnage principal de cette œuvre qui incarne la
folie, tout en fascinant les psychanalystes elle est fondée sur la perte
d'identité, la culpabilité et la transformation du corps.
Résumé de l’œuvre
Gregor Samsa se réveilla un matin, après une nuit remplie de rêves
agités. Il se retrouva dans son lit, absolument métamorphosé en une
créature répugnante, un insecte géant. La métamorphose qu'il a subie ne
sera expliquée à aucun moment de l'ouvrage, le personnage ignore les
raisons de ce changement. Il est représentant de commerce dans le
domaine du tissu et de la confection et le seul membre de la famille
actif d'un point de vu financier car les affaires de son père ont
périclité quelques années auparavant. Gregor vit aux côtés de sa sœur
Grete et de leurs parents, son travail permet donc de faire vivre les
siens.
Désormais, devenu insecte, il est dans l'incapacité de
communiquer avec sa famille, mais, cependant, il comprend tout ce qu'il
se dit autour de lui. Il est pris au piège dans sa chambre, et l'ombre
d'avoir une vie sociale est totalement réduite à néant. Ses parents le
renient, ils ne veulent plus entendre parler de lui. Il effraie son père
et le répugne, sa mère sera curieuse à de nombreuses reprises mais le
laissera dans son désespoir. Seulement sa sœur, s'occupe de lui comme
elle le peut, elle est la seule a éprouver de la compassion envers le
monstre qu'est devenu son frère, même si lorsqu'elle entre dans sa
chambre pour le nourrir ou faire le ménage, celui-ci se cache pour lui
épargner la vue de cet être immonde qu'il est, à présent. Les siens le
cache, ils ont honte de sa transformation et pourtant Gregor culpabilise
de ne plus pouvoir les aider. Il persiste et tente de préserver le peu
d'humanité qu'il lui reste en suivant discrètement et de loin la vie qui
suit son court dans l'appartement familial. Ce personnage est meurtri
autant physiquement que psychologiquement, la seule échappatoire à sa
condition est la mort, il désespère et se laisse donc mourir, ce qui
offrira un sentiment de libération à ses parents et à sa sœur.
Perceptions du personnage
Cette œuvre nous expose une vison kafkaïenne de la vie. La folie est
représentée à travers ce personnage, par l'absurdité de la
transformation qui lui tombe dessus, il ne croit pas à ce qui lui
arrive, qui pourrait y croire : « « Et si je dormais un peu et oubliais
toutes ces sottises ? » » ; « « Ah, mon Dieu », songea-t-il, « quel
métier fatiguant j'ai choisi ! Jour après jour en tournée. Les affaires
vous énervent bien plus qu'au siège même de la firme, et par-dessus le
marché je dois subir le tracas des déplacements, le souci des
correspondances ferroviaires, les repas irréguliers et mauvais, et des
contacts humains qui changent sans cesse, ne durent jamais, ne
deviennent jamais cordiaux. Que le diable emporte tout cela ! » » ; « Il
glissa et reprit sa position antérieur. « A force de se lever tôt »,
pensa-t-il, « on devient complètement stupide.[...] ». On remarque que
malgré le fait qu'il se soit métamorphosé, il ne perd pas la raison.
Gregor
est inutile, il n'aide plus financièrement sa famille et ne peut pas
sortir de sa chambre, il interprète ce changement comme un vrai
handicap, sa routine devient insupportable.
La vision kafkaïenne
de la vie est présente tout au long de cette œuvre et tout ce qu'elle
comporte : l'absurdité, l'inutilité, le handicap, cette routine
insupportable, et les relations familial corrompues.
L'exclusion de la société
Après
sa transformation, le personnage est totalement rejeté, ses parents ne
comprennent pas et ne ressentent pas la moindre peine, la mort prochaine
de Gregor représentera la fin d'un fardeau.
L'enfermement
Le personnage est voué à être enfermé dans sa chambre, mais également
dans son corps d'insecte et dans le silence de cette pièce : « C'est au
crépuscule seulement que Gregor se réveilla, après un sommeil lourd et
comateux » ; « Il vit seulement encore, d’un dernier regard, qu’on
ouvrait
la porte de sa chambre et que, suivie par sa sœur qui
criait, sa mère en sortait précipitamment, en chemise, car sa sœur
l’avait déshabillée pour qu’elle respirât plus librement pendant son
évanouissement, puis que sa mère courait vers son père en perdant en
chemin, l’un après l’autre, ses jupons délacés qui glissaient à terre,
et qu’en trébuchant sur eux elle se précipitait sur le père, l’enlaçait,
ne faisait plus qu’un avec lui – mais Gregor perdait déjà la vue – et,
les mains derrière la nuque du père, le suppliait d’épargner la vie de
Gregor. »
Ce sentiment de solitude et d'exclusion le meurtri, il
est exclu comme les malades mentaux en marge de la société, envoyés dans
les asiles, et torturés. Il souffre du regard que porte les siens sur
lui, d'ailleurs aucuns membres de sa famille ne se préoccupe de ce qu'il
peut ressentir : « Cette grave blessure, dont Gregor souffrit plus d’un
mois –personne n’osant enlever la pomme, elle resta comme un visible
souvenir, fichée dans sa chair – parut rappeler, même à son père, qu’en
dépit de la forme affligeante et même répugnante qu’il avait à présent,
Gregor était un membre de la famille, qu’on n’avait pas le droit de le
traiter en ennemi et qu’on contraire le devoir familial imposait qu’à
son égard on ravalât toute aversion et l’on s’armât de patience, rien
que de patience. ».
Il perd son humanité et renonce à la vie, sa
famille est libérée : « Et ce fut pour eux comme la confirmation de ces
rêves nouveaux et de ces bonnes intentions, lorsqu’en arrivant à
destination ils virent leur fille se lever la première et étirer son
jeune corps. ». C'est lorsque quand la femme de ménage découvre le corps
de Gregor que l'image du récit est la plus forte, car le personnage de
la nouvelle est réduit à un « ça » : « Venez voir un peu ça, c’est crevé
; c’est là, par terre, complètement crevé ».
La nouvelle en vidéo (extrait : commencement de l’œuvre)
http://www.ina.fr/video/CPC83051913
Ce qui nous permet de dire que la folie est représentée à travers le
personnage ici, est tout d'abord le thème présent dans cette œuvre, qui
est la propriété de l'auteur.
Le thème « kafkaïen » est la
transformation de la métamorphose en littérature, cela caractérise le
style de Kafka, il est souvent péjoratif car il sert d'évocation de
l'atmosphère sinistre, absurde et dérisoire présente dans les œuvres de
cet auteur tchèque. L’œuvre en elle même est la représentation
métaphorique de la folie, on y retrouve vraiment la vision kafkaïenne de
la vie, de par l’absurdité, l'inutilité, le handicap, la routine
insupportable, les relations familial corrompues et le fait de ne plus
avoir de vie social, ce thème rentre parfaitement dans les critères de
la folie, puisque l'absurde et l'illogique y règne. D'ailleurs, nous ne
savons pas ce qu'est devenu réellement le personnage, certains le
qualifie de vermine. Cette nouvelle nous expose un être rejeté, exclu de
la société, comme les malades mentaux de cette époque. Elle se trouve
au cœur de la thématique de Kafka, qui nous fait nous interroger sur la
signification de la vie, sur notre destinée, sur le fait que l'humain
soit qu'une vermine vouée à mourir, délaissée par son entourage qui ne
ressent aucune compassion.
A aucun moment, l'auteur nous
explique la raison de cette métamorphose, il se contente de la décrire
et de la présenter comme une fatalité.
Le terme de « fous » n'est généralement pas
employé, nous qualifions les individus comportant des pathologies
relatant de la folie, de « malades mentaux ». Certaines personnes sont
atteintes de phases de dépressions chroniques sévères ou encore de
fortes addictions, ce qui parfois les mènes au suicide ou à commettre
des délits, comme des meurtres. Nous allons voir comment cela est-il
représenté dans la littérature.
C'est dans un Paris révolutionnaire que naît
Charles Baudelaire en 1821 où étaient déjà présents la poésie et le
romantisme, le mouvement culturel qui s'est diffusé en Europe au cours
du XIXème siècle, s'exprimant dans la littérature, la peinture, la
sculpture, la musique et la politique, ce mouvement cherche l'évasion et
le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime ou encore
l'exotisme et le passé, il est l'idéal ou le cauchemar d'une sensibilité
passionnée et mélancolique et a influencé Baudelaire dans l'écriture de
ses poèmes. Cet auteur est sans doute une icône de cette époque où le
mouvement romantique était caractérisé par le Mal du Siècle.
Nous
étudions à présent la troisième section de poème se nommant Le Vin des
Fleurs du Mal, plus précisément le troisième poème de cette section, Le
Vin de l'Assassin. Un poème composé de treize quatrains traitant d'un
homme plaintif qui a tué sa femme, lorsqu'il était ivre car elle lui
avait donné l'interdiction de dépenser son salaire dans l'achat de vin.
Nous verrons, en quoi ce poème est il révélateur d'une folie meurtrière ?
Donc, nous nous intéresserons d'abord au meurtre commis, nous nous
pencherons ensuite sur l'addiction du personnage envers le vin,qui le
conduira à une échappatoire fatal.
LE VIN DE L'ASSASSIN
Ma femme est morte, je suis libre !
Je puis donc boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre.
Autant qu'un roi je suis heureux ;
L'air est pur, le ciel admirable...
Nous avions un été semblable
Lorsque j'en devins amoureux !
L'horrible soif qui me déchire
Aurait besoin pour s'assouvir
D'autant de vin qu'en peut tenir
Son tombeau ; - ce n'est pas peu dire :
Je l'ai jetée au fond d'un puits,
Et j'ai même poussé sur elle
Tous les pavés de la margelle.
- Je l'oublierai si je le puis !
Au nom des serments de tendresse,
Dont rien ne peut nous délier,
Et pour nous réconcilier
Comme au beau temps de notre ivresse,
J'implorai d'elle un rendez-vous,
Le soir, sur une route obscure.
Elle y vint ! - folle créature !
Nous sommes tous plus ou moins fous !
Elle était encore jolie,
Quoique bien fatiguée ! et moi,
Je l'aimais trop ! voilà pourquoi
Je lui dis : Sors de cette vie !
Nul ne peut me comprendre. Un seul
Parmi ces ivrognes stupides
Songea-t-il dans ses nuits morbides
A faire du vin un linceul ?
Cette crapule invulnérable
Comme les machines de fer
Jamais, ni l'été ni l'hiver,
N'a connu l'amour véritable,
Avec ses noirs enchantements
Son cortège infernal d'alarmes,
Ses fioles de poison, ses larmes,
Ses bruits de chaîne et d'ossements !
- Me voilà libre et solitaire !
Je serai ce soir ivre mort ;
Alors, sans peur et sans remord,
Je me coucherai sur la terre,
Et je dormirai comme un chien !
Le chariot aux lourdes roues
Chargé de pierres et de boues,
Le wagon enragé peut bien
Écraser ma tête coupable
Ou me couper par le milieu,
Je m'en moque comme de Dieu,
Du Diable ou de la Sainte Table !
Le meurtre commis
Ce poème met en scène la mort de la femme du personnage, en effet dès
la lecture du titre, nous nous rendons compte que celui-ci l'a tué.
Le ressenti du personnage
Le premier vers nous informe que sa femme est morte, c'est une
délivrance pour le personnage au lieu d'être en deuil, il s'en réjouit :
« Ma femme est morte, je suis libre ! ». Il se sent « libre » car à
présent plus personne ne l’empêchera de boire, ce premier quatrains nous
expose le contexte, d'ailleurs le vers qui suit nous prouve qu'à
présent il pourra boire en toute tranquillité : « Je puis donc boire
tout mon soûl. », elle est « morte » « donc » il est « libre »,
d'ailleurs ce mot « libre » revient au premier vers du onzième quatrain
mais prend un sens différent. Le quatrième vers nous montre a quel point
cet assassin ce sentait oppressé de la conduite de sa femme, avec la
personnification de ses cris : « Ses cris me déchiraient la fibre. ». La
deuxième strophe nous montre la satisfaction du personnage face à la
disparition de son épouse avec les mots : « heureux » (premier vers) ; «
pur » ; « admirable » (second vers).
On peut également remarquer
au quatrième quatrain, que le personnage risque d'être hanté par ce
qu'il a commis, avec le dernier vers de cette strophe : « - Je
l'oublierai si je le puis ! », on peut penser avec ce tiret placé au
début du vers, que Baudelaire bien qu'il n'eut tué personne parle d'une
de ses conquêtes, dont il n'arrive pas à se défaire du souvenir, car en
effet, beaucoup de ses poèmes présents dans Les Fleurs du mal étaient
destinés à des femmes (exemples : La Chevelure correspondant à Jeanne
Duval ; Réversibilité inspiré de Madame Sabatier ; L'Irréparable pour
Marie Daubrun, etc...).
Le déroulement du crime
Le
poème nous expose le déroulement du crime. La sixième strophe met en
lumière la procédure du personnage avant de la tuer notamment avec son
premier vers : « J'implorai d'elle un rendez-vous, » et le second vers
nous montre les circonstances du lieu de rencontre : « Le soir, sur une
route obscure. », l'hémistiche à ce vers renforce l'idée de fatalité, le
côté obscur du crime comme cette route. La proposition « - folle
créature ! » également au sixième quatrain a une connotation ironique,
car il déclare que sa femme est folle et renforce cet adjectif avec le
point d'exclamation mais c'est lui l'assassin, de plus il annonce par la
suite « Nous sommes tous plus ou moins fous ! », ici la sensation que
ça soit l'auteur qui parle est plus accentué que dans le reste du poème
car un avis est donné sur la société notamment sur le peuple. La folie
est d'autant plus représentée dans la septième strophe car il présume
l'avoir tué par amour : « Je l'aimais trop ! voilà pourquoi
Je lui
dis : Sors de cette vie ! ». Il l'a tue car elle était sûrement « bien
fatiguée »(septième strophe, second vers) de l'addiction excessive de
son époux, au lieu de se défaire de sa dépendance au vin, d'ailleurs il
ne ressent aucun « remord » (onzième quatrain, troisième vers) le
quatrième vers au troisième quatrain nous prouve également qui ne
regrette pas son acte « Son tombeau ; - ce n'est pas peu dire », que
l'alcool est plus important, malgré qu'au treizième quatrain il y est : «
ma tête coupable » (premier vers). Les éléments du déroulement du
crime sont aussi présent à la quatrième strophe du poème :
« Je l'ai jetée au fond d'un puits,
Et j'ai même poussé sur elle
Tous les pavés de la margelle. »
De
par les traits du déroulement de ce crime nous retrouvons bien le côté
obscur et manipulateur d'un assassin, ainsi que la folie qui est
représentée à travers ce personnage.
Confusions entre le vin et la défunte
Le quatrième vers de cette strophe nous pousse à nous interroger, est
il question de la défunte ou de l'amour qu'il porte au vin : « Lorsque
j'en devins amoureux ! », une autre incertitude semblable à celle-ci se
pose également au quatrième vers du cinquième quatrain : « Comme au
beau temps de notre ivresse », est-il vraiment question de l'ivresse de
leur amour ici., le mot « ivresse » porte à confusion en vu de la
position qu'il tient dans cette cinquième strophe. Le dixième quatrain
comporte le même embrouillement on ne sait pas si c'est de cet élixir
addictif dont il est question ou de la pauvre femme assassinée :
« Avec ses noirs enchantements
Son cortège infernal d'alarmes,
Ses fioles de poison, ses larmes,
Ses
bruits de chaîne et d'ossements ! », et cela surtout à cause du vers
qui précède ce quatrain, plus précisément des mots : « l'amour
véritable » (quatrième vers, neuvième strophe).
D'une addiction pour le vin, à une échappatoire fatal

Une addiction pour le vin, est représentée dans ce poème, d'ailleurs
tout état addictif conduit à la folie, ici elle a mené le personnage a
commettre un crime.
Description de l'addiction du personnage
Ce personnage n'est pas en adoration du vin c'est plutôt une addiction
malsaine qui est traduite ici, et il en est conscient mais ne peut pas
s'en défaire. Même si au début du poème il est « heureux » (premier
vers, seconde strophe) de « boire tout » son « soûl » (premier
quatrain, second vers), cette consommation est rapidement décrite de
manière péjorative par le personnage lui même : « L'horrible soif qui me
déchire » ( premier vers, troisième quatrain) ; au second vers de la
huitième strophe, il qualifie les gens qui boivent d'« ivrognes
stupides », d'ailleurs, les deux premiers vers de la neuvième strophe
sont explicites également, il y a ici une double personnification d' «
Un seul
Parmi ces ivrognes stupides » en « crapule invulnérable » suivit d'une autre en « machines de fer ».
La
folie mène a l'exclusion de la société surtout au XIXème siècle, et le
premier vers de la onzième strophe nous l'illustre : « - Me voilà libre
et solitaire ! », le personnage se sent libre maintenant que sa femme
n'est plus là et solitaire car il est seul mais ce vers de par sont
tiret à son début peut nous renvoyer encore à la voix de Baudelaire et
non pas au narrateur fictif.
Une double représentation
La
folie meurtrière est représentée deux fois dans ce poème, le personnage
a été mené à assassiner sa femme car elle l'empêchais de boire, mais
lui aussi est destiné à mourir, de son plain-gré.
Le personnage
est habité par le souvenir de sa femme on le voit au quatrième vers du
quatrième quatrain : « - Je l'oublierai si je le puis ! » et il se sent
incompris : « Nul ne peut me comprendre. »(huitième strophe, premier
vers), des éléments qui peuvent le conduire dans une posture de
solitaire. Le champ lexical de la mort est présent : « morte »(premier
vers du poème) qualifie sa femme qui veut signifier encore une fois que
le personnage se retrouve seul ; « tombeau » (quatrième vers, troisième
strophe) ; « morbides » (huitième quatrain, troisième vers) décrit les
nuit d'un ivrogne stupide, le personnage lui même est un ivrogne cela
peut donc qualifier ses propres nuits ; « linceul » (quatrième vers,
huitième strophe), le vers où se trouve ce mot est intéressent, car avec
son point d'interrogation à la fin, on peut supposer que le personnage
parle de sa mort ; « poison » ( troisième vers, dixième quatrain) qui
peut être associé au vin ; « ossements » (quatrième vers, dixième
quatrain) ; « mort » (second vers, onzième strophe), ce vers nous
dévoile que le personnage prévoit sa mort : « Je serai ce soir ivre mort
» ; « Dieu » (troisième vers, treizième strophe) ; « Diable », « Sainte
Table » (dernier vers du poème ». la scène du décès du personnage nous
est exposé notamment avec les deux derniers vers de la onzième strophe :
« Alors, sans peur et sans remord,
Je me coucherai sur
la terre, », « sans peur » est encore un élément qui nous montre que le
personnage boit, car si il été sobre peut-être qui n'aurait pas été sans
appréhension à l’approche de la mort. La douzième strophe nous dévoile
également la venu du moment fatal, il se compare a un chien au premier
vers et cela prend un tournent très péjoratif du mot « chien » par le
point d'exclamation en fin de vers, le troisième vers : « Chargé de
pierres et de boues », nous rappelle ce qui s'est produit lors de son
crime envers sa femme les « pierres » comme les « pavés de la margelle »
(troisième vers, quatrième quatrain) et « de boues » comme le fond du
puits où il l'a jetée qui devait être humide, à la douzième
strophe le verbe « écraser » nous renvoie aussi à l'image de sa femme,
qui a sûrement été écrasée par les « pavés », ce premier vers nous
montre que l’assassin est conscient qu'il a commis un crime et qu'il a
laisser son addiction prendre le dessus, on le remarque par « ma tête
coupable », cette strophe nous informe qu'il se moque de la manière dont
il va mourir :
« Je m'en moque comme de Dieu,
Du Diable ou de la Sainte Table ! ».
La
folie meurtrière est représentée à travers le(s) personnage(s) ici, de
par en premier temps le titre "Le Vin de l'assassin" qui nous donne une
information primordial sur le poème car on sait qu'il traite d'un
assassin ayant donc une addiction pour le vin comme nous le comprenons
par la suite, à la lecture du poème. Dans ce poème, le personnage mis en
avant commet le meurtre de sa femme et se donnera ensuite la mort.
L'alcool est un conducteur de folie comme toute autre drogue et
d'ailleurs c'est le cas ici car le personnage a tué sa femme pour plus
qu'elle lui reproche sa consommation.
On peut ajouter que, dans
ce poème l'énonciation est faite à la première personne, comme de
nombreux poèmes des Fleurs du mal, on peut imaginer que Baudelaire donne
son avis à travers les vers qui l'a écrit, mais il n'était pas
alcoolique il s'adonnait plutôt au drogues et aux excitants. Pour
Baudelaire le vin reste plutôt l'élément d'une série qui représente
l'érotisme comme dans Le Vin du solitaire, la révolte et le rêve comme
dans Le Vin des chiffonniers, l'idée de rêve est surtout représentée
dans Le Vin des amants.
a. Le Horla
La
folie meurtrière peut être représentée en poésie, mais également dans
toutes autres œuvres littéraires, nous allons le voir avec l’œuvre de
Guy de Maupassant, Le Horla et avec son adaptation en bande dessinée de
Guillaume Sorel.
Guy de Maupassant, est un écrivain français du
XIXème siècle, ce fut sous la direction de Flaubert qu'il « appris » la
littérature notamment avec les impositions des exigences de l’esthétique
réaliste, de ce professeur particulier, ami de la famille. Il vécu de
ses œuvres, il écrivit trois centaines de nouvelles en dix ans, publiées
dans les journaux puis dans des recueils. Maupassant était hanté par la
peur de la folie, de 1884 à 1886 il avait pris l'habitude d'aller à
l’hôpital de la Salpêtrière suivre des cours publics donnés par des
sommités médicaux. Les domaines étudiant les zones mystérieuse de
l'esprit humain étaient l'hypnotisme et le magnétisme, qui étaient
d'ailleurs des domaines à la mode. Il utilisera les renseignements que
l'on lui donna à ces cours pour ses nouvelles Le Horla datant de 1886 et
de 1887, l’œuvre que nous allons étudier est une nouvelle qui peut être
qualifiée de conte de peur ou d'angoisse. Dans cet ouvrage fantastique,
le narrateur est sous l'emprise d'un être invisible et donc supérieur à
lui grâce à cette caractéristique. Nous allons donc nous questionner,
en quoi la folie meurtrière est-elle représentée à travers le(s)
personnage(s) ici ? Donc, nous allons tout d'abord mettre l'accent sur
les caractéristique de la nouvelle, notamment en appuyant sur le
parallèle entre l'auteur et le narrateur, puis nous ferons la lumière
sur les différences de l’œuvre d'origine avec son adaptation en bande
dessinée de Guillaume Sorel.
Les caractéristiques de la nouvelle.
Le
Horla est une nouvelle qui a été retravaillée très finement écrite pour
la mise en recueil, une touche de lyrisme propre à Maupassant est
présente.
Extraits montrant l'aggravation de l'état du personnage.
Il
est question ici, d'un homme grand bourgeois qui se fait dévorer son
existence par une angoisse tenace. L’œuvre est ponctuée par les
défaillances de perceptions du narrateur qui donnent vie à des éléments
de surnaturel. On imagine ce livre comme son journal intime car le
narrateur parle à la première personne du singulier. La nouvelle se
déroule en mai-juin-juillet et août. L'intrigue dure environ quatre
mois. Le héros est lucide et persévérant, il essaye continuellement de
se délivrer de l'emprise du Horla mais il n'échappe pas à sa folie.
Le
titre de l'ouvrage "Le Horla" est un néologisme qui est à l'origine
inspiré d'un mot normand « horsain » signifiant « l'étranger » et
également de l'expression le qualifiant de « hors la loi ».
A la
lecture de cette nouvelle fantastique on distingue une aggravation
progressive de l'état du narrateur. Ses symptômes apparaissent en
crescendo, au commencement il ne se doute pas que sa vie va prendre un
toute autre tournent, et qu'il sera voué à une fin funeste.
extraits.
8 mai: "Quelle journée admirable".
Puis,
petit à petit son état commence à s’aggraver, sans savoir ce qui lui
arrive, il ne fait qu'avoir des suppositions sur l'origine de son
mal-être : 15 mai: "J'ai un peu de fièvre depuis quelques jours ; je me
sens souffrant, ou plutôt je me sens triste.", il se sent triste, une
dépression est entrain de prendre forme dans sont esprit.
Le
narrateur ne sait pas encore exactement ce qui lui arrive, un soupçon de
paranoïa se forme alors : 16 mai: "Je suis malade, décidément ! Je me
portais si bien le mois dernier ! J'ai de la fièvre, une fièvre atroce,
ou plutôt un énervement fiévreux, qui rend mon âme aussi souffrante que
mon corps ! J'ai sans cesse cette sensation affreuse d'un danger
menaçant, cette appréhension d'un malheur qui vient ou de la mort qui
approche, ce pressentiment qui est sans doute l'atteinte d'un mal encore
inconnu, germant dans le sang et dans la chair."
Il est
conscient que quelque chose d'étrange est en train de se produire, après
une courte période de répit, son état reprend une mauvaise voie :2
juin: "Mon état s'est encore aggravé."
Des événements étranges
commencent à se produire, le doute entre apparitions surnaturelles ou
hallucinations est entrain de se manifester :4 juillet: "Décidément, je
suis repris. Mes cauchemars anciens reviennent. Cette nuit, j'ai senti
quelqu'un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma
vie entre mes lèvres. Oui, il la puisait dans ma gorge, comme aurait
fait une sangsue. Puis il s'est levé, repu, et moi je me suis réveillé,
tellement meurtri, brisé, anéanti, que je ne pouvais plus remuer. Si
cela continue encore quelques jours, je repartirai certainement. "
5
juillet: "Ai-je perdu la raison ? Ce qui s'est passé, ce que j'ai vu la
nuit dernière est tellement étrange, que ma tête s'égare quand j'y
songe !"
6 juillet: "Je deviens fou. On a encore bu toute ma
carafe cette nuit ; -ou plutôt, je l'ai bue ! Mais, est ce moi ? Qui
serait-ce ? Qui ? Oh ! mon Dieu ! Je deviens fou ! Qui me sauvera ? ».
Le
narrateur s'interroge, il se demande si la folie ne l'envahit pas, sa
lucidité semble être encore présente dans sont esprit :7 août: "Je me
demande si je suis fou.".
Mais très vite on s'aperçoit que la
folie prend le dessus et qu'il commence à croire à une présence
démoniaque, qui le hante :8 août: "-J'ai passé hier une affreuse soirée.
Il ne se manifeste plus, mais je le sens près de moi, m'épiant, me
regardant, me pénétrant, me dominant et plus redoutable, en se cachant
ainsi, que s'il signalait par des phénomènes surnaturels sa présence
invisible et constante. ».
Il devient complètement prisonnier de
sa folie, il pense à présent pertinemment que quelqu'un le possède, il
va commettre un crime pour se libérer de cette emprise que quelqu'un
exerce sur lui mais qui n'existe pas vraiment, son état est devenu
incontrôlable, il a perdu la raison, la folie a pris le dessus :14 août:
"Je suis perdu ! Quelqu'un possède mon âme et la gouverne ! quelqu'un
ordonne tous mes actes, tous mes mouvements, toutes mes pensées. Je ne
suis plus rien en moi, rien qu'un spectateur esclave et terrifié de
toutes les choses que j'accomplis. Je désire sortir. Je ne peux pas. Il
ne veut pas ; et je reste, éperdu, tremblant, dans le fauteuil où il me
tient assis. Je désire seulement me lever, me soulever, afin de me
croire maître de moi. Je ne peux pas ! Je suis rivé à mon siège adhère
au sol, de telle sorte qu'aucune force ne nous soulèverait."
"Qu'ai-je
donc ? C'est lui, lui, le Horla, qui me hante, qui me fait penser ces
folies ! Il est en moi, il devient mon âme : je le tuerai !"
"J'avais oublié mes domestiques ! Je vis leurs faces affolées, et leur bras qui s'agitaient !...
Alors, éperdu d'horreur, je me mis à courir vers le village en hurlant : "Au secours ! au secours ! au feu ! au feu !".
En l'espace de quatre mois, la vie du narrateur s'est changé en un
véritable enfer, dans ce livre, sa folie est racontée ainsi que la
terreur qu'il subissait. Un être surhumain, nommé pour la première fois à
la fin de la nouvelle, le Horla, boit sa vie et le terrasse chaque
nuit. Cette folie le conduira à commettre des actions plus absurdes les
unes que les autres et finira par se changer en une folie meurtrière car
il en viendra même à mettre le feu à sa demeure et laissera brûler vif
ses domestiques.
Parallèle entre auteur et narrateur.
Maupassant écrit Le Horla pendant ses moments de lucidité, cette œuvre
marque le début de sa folie, il souffrait de troubles, plus précisément
d'une impression comme de se voir à l’extérieur de lui ou encore d'être
étranger à son reflet dans le miroir, lorsqu'il écrit cet ouvrage il
est de plus en plus victime d'hallucinations comme le personnage mis en
avant dans sa nouvelle, et de dédoublement de la personnalité causé par
la syphilis qu'il avait contracté, il fut interné dans une clinique
d'aliéniste à la suite d'une tentative de suicide en 1892, peu de temps
avant son décès qui a lieu le 6 juillet 1893. D'ailleurs, Le Horla est
une série de conte partant d'un sentiment de double jusqu'à devenir une
apparition d'un être surnaturel. L'auteur comme son personnage, perçoit
la mort comme seule délivrance, en effet cela est précisé dans les
dernières lignes de sa nouvelle : « Non... non... sans aucun doute, sans
aucun doute... il n’est pas mort... Alors... alors... il va donc
falloir que je me tue, moi !... ».
b. Le Horla adapté en bande dessinée.
Si il y a avec cette nouvelle un parallèle entre l'auteur et le
narrateur, à cause de ce que traversait Maupassant à cette époque, il
existe aussi un parallèle avec l'auteur de la bande dessinée, car
Guillaume Sorel était également normand comme le personnage et il a vécu
dans le lieu où se déroule l'histoire.
Les informations complémentaires apportées par la bande dessinée sur l'histoire d'origine.
présentation de l'auteur et de son œuvre (vidéo)
http://www.dailymotion.com/video/x1io21p_guillaume-sorel-le-horla_news
différences entre les deux œuvres
L'adaptation
en bande dessinée de la nouvelle, de Guillaume Sorel nous offre
l'opportunité de voir les hallucinations du personnage représentées en
image, d'ailleurs dans certains cas, elle nous donne plus de détails que
l'histoire d'origine, grâce aux dessins nous comprenons d'avantage ce
que le personnage éprouve et l'atrocité de certains passages. Comme dans
la nouvelle de Maupassant, la bande dessinée montre l'aggravation
progressive du personnage. Guillaume Sorel de par certaines de ses
illustrations nous offre un point de vue beaucoup plus détaillé sur les
faits étranges, et nous apporte plus de renseignements sur les
expressions, sur les différents personnages de l’œuvre et surtout sur
l'aspect physique car nous remarquons le visage du personnage principal
dans des formes différentes, on distingue mieux les phases de
dépressions intenses, de peur, etc..
Extraits des planches.
Nous
avons procédé à la sélection des passages apportant plus d'informations
que le récit de Maupassant. Cela nous donne parfois, une toute autre
vision des événements, car les illustrations nous conduisent plus vers
la dimension surnaturelles des choses au lieu de nous faire percevoir la
folie existentielle du personnage.

Les illustrations de cette BD et surtout cette planche rajoute des
détails par rapport à la véritable histoire. On remarque ici, une
ambiance démoniaque qui nous fait nous interroger. Qui sont ces
personnes ? Ces illustrations sont un supplément de phénomènes relevant
du surnaturel rajouté en plus du démon présent dans toute l’œuvre.

Ici,
la représentation de celui qui le hante apparaît pour la première fois
dans la BD. Elle correspond à la description faite par le narrateur dans
le récit d'origine :4juillet: "Décidément, je suis repris. Mes
cauchemars anciens reviennent. Cette nuit, j'ai senti quelqu'un accroupi
sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes
lèvres. Oui, il la puisait dans ma gorge, comme aurait fait une sangsue.
Puis il s'est levé, repu, et moi je me suis réveillé, tellement
meurtri, brisé, anéanti, que je ne pouvais plus remuer. Si cela continue
encore quelques jours, je repartirai certainement. ».
Un autre phénomène étrange nous est exposé, seulement par la bande dessinée.

Une autre apparition du Horla nous est offerte ici, reprenant exactement le récit de Maupassant.

L'image qui nous est donnée ici, illustre le récit mais nous permet de
constater d'avantage la torture que ressent le personnage.


De par ces deux planches, nous constatons beaucoup plus l'atrocité du crime que le narrateur à commis.

Nous remarquons la folie du personnage, par l'expression de son visage,
par son regard, nous ne pouvons pas remarquer cela dans le récit.

Le démon nous est dévoilé dans son intégralité, ce qui renforce l'idée
qu'une dimension surnaturelle peut être réellement possible.
L'adaptation en bande dessinée de la nouvelle nous apporte des
renseignements sur les expressions et sur les hallucinations du
personnage que la nouvelle de Maupassant ne nous expose pas. Par les
illustrations, nous constatons combien l'état de soumission du narrateur
est élevé, et l'atrocité de ce qu'il peut ressentir ainsi que le crime
qu'il a commis est accentuée par les images. Grâce aux illustrations
nous sommes d'autant plus plongé dans le ressentis du personnage par
rapport à la simple lecture du texte.
La folie meurtrière ici
est représentée à travers ce personnage qui avec une aggravation au fil
des mois devient fou jusqu'à brûler sa demeure, croyant que le Horla
était attaché a sa chambre, mais il en oublia ses domestiques qui
brûlèrent à l'intérieur alors que l'être qui le « hantait » selon lui,
le suivit et le personnage finit par se donner la mort, il y a donc
présente dans cette nouvelle une folie qui causa la mort à deux
reprises, comme dans Le Vin de l'assassin de Baudelaire, dans ses deux
œuvres, les malades finissent par se suicider.
La folie peut être
représentée à travers les personnages du XIXe et XXe siècles, en poésie
ou bien sous toutes autres formes d'œuvres littéraires.
Dans le
poème Au Lecteur de Baudelaire, la folie est représentée par l'attirance
pour le Mal, ainsi que l'influence du « spleen » propre à cet auteur
nous renvoyant principalement au mal-être profond qui est donc vecteur
de la folie. Chez Kafka, dans La Métamorphose ce qui est représentatif
de la folie est notamment le thème « kafkaïen » qui ressort de la
nouvelle de littérature étrangère, sa dimension illogique et absurde
fait de cette œuvre la représentation métaphorique de la folie.
La
folie peut conduire à commettre des crimes, ce fait nous est illustré
par un autre poème appartenant au recueil des Fleurs du mal, Le vin de
l'assassin, de par déjà son titre révélateur, il nous expose le portrait
d'un personnage ayant une trop forte addiction au vin, ceux qui le
conduira à tuer sa femme, pour ensuite se donner la mort à son tour.
Enfin, Le Horla de Maupassant, nous révèle également un personnage qui
sera voué à tuer et à se suicider par la suite.